i love neims[libre]

j'avais faim, tellement faim. l'odeur de nems me parvînt, et il m'en fallut peu pour me diriger à la cuisine. comme une vraie goulue, je pris cette spécialité chinoise dans les mains, et m'en mis de partout, vraiment partout. la bouche pleine, je regardai l'habitant, qui mangeait, lui, mangeait. « c'est toi qui les a fait ? excellent, si excellent. » j'avalai tout rond, prenant de l'eau ensuite. puis, je m'assis sur une chaise, et me présentai. « pardon. alice, enchantée beau damoiseau. ». je lui souris, les dents nettoyées avec ma langue quelques secondes plus tôt.

« merci du compliment. » je lui souris de plus belle, aux anges, au paradis. je venais de me remplir le ventre, enfin. j'avais le ventre qui allait exploser, mais ça me rendait heureuse. j'étais bizarre, après réflexion, très bizarre. je venais juste de tilter qu'il m'avait poser deux questions. et qu'il s'était présenté. quelle maladroite ! josh, beau prénom, beau garçon. je ne m'étalais pas là-dessus, et me contentai de hocher la tête, en guise de réponse. je croisai les jambes. en fait, je m'ennuyais, et je ne m'ennuyais pas. c'était particulier.

quoi ? déjà ? il ne me demandait pas même mon âge, si j'étais célibataire. d'accord, il fallait que je m'arrête. je finis par lâcher : « styliste, et je travaille avec les mains, attention. » à la fin de ma phrase, j'éclatai de rire, puis je lui retournai la question. pendant le temps d'attente, je me hissai jusqu'au frigo, restant à ma place, dévoilant un bout de mon ventre, et m'attrapai un jus de fruit, n'importe lequel, que je mis dans le verre que j'avais utilisé pour l'eau. j'en bus une gorgée, et reportai mon regard sur josh.

ce qui expliquait ses tablettes. miam, chocolat. non, alice, non, restreins-toi. d'un ton amusé, je poursuivis la conversation : « hum, pas trop. tu pourras me le faire aimer, n'est-ce pas ? m'apprendre tes feintes gauches, tes feintes droites, tes lancés ? » je pris mon inspiration, réfléchis comme de semblant à la suite, et continuai : « et te montrer dans le si joli vêtement de basketteur. » je m'excusai, tout à coup gênée, et me plongeai dans mon verre.

pourquoi il fallait toujours avoir affaire à des têtes en l'air ? agacée pour de semblant, je finis par relâcher mon rire, et lui demander : « tu as quel âge, p'tit vieux ? » j'avais tellement envie d'être folle, que je devenais folle, et que j'étais folle. le pire, ça me plaisait, bien plus que l'on ne pouvait l'imaginer. je ressortis le nez de mon verre, pour fixer josh droit dans les yeux, comme un vautour.

trois an d'écart. finalement, il n'était pas vieux. « vingt-trois, mon grand. » j'aimais à donner divers surnoms qui me venaient à l'esprit. je me rassis confortablement sur la chaise, croisant les bras, et les jambes. je gardai mon habituel sourire, et mon regard pétillant.

« jeune et belle ! » je ris, parce que j'aimais me vanter, me vanter pour de semblant. je me trouvais amusante, bien que je ne pouvais pas forcément l'être. je m'assis cette fois à côté de josh. j'avais froid. et le radiateur était en face. je me chauffai les bras à l'aide de mes mains, et grelottai un peu. mes lèvres bleutées, je ne me sentais pas très bien.

sur le coup, je ne répondis rien. je n'aimais pas exposer mes sentiments au grand jour, me plaindre. je n'étais pas comme ça. mais là, j'étais bien pire que pas à l'aise. je lui répondis, d'une voix fatiguée, malade, enrouée : « non, non. » mais je n'en dis pas plus, malgré la migraine, le froid, mes nausées. je me contentai de me chauffer en me mettant tout près du radiateur, et en me frottant comme je le pouvais. je ne regardais même plus josh, je n'en avais pas le courage, je ne m'en sentais pas capable. d'ailleurs, je ne détournais le regard sur personne, à part le chauffage. je pensais m'évanouir pendant un instant, mais ce n'était qu'une mauvaise passe.